Il pouvait déjà entendre leurs cris blasphématoires. Ses jumelles lui dévoilèrent une foule compacte, disparate et obscène : une horde de mutants. D'ignobles abominations, moins humaines que monstres souillés par l'Hérésie. Le Pretorien observa le mur de justice que constituait ses hommes. Implacables, droits et déterminés.
Un à un, chaque arbites leva son bouclier répressif et activa sa matraque à décharge, prêts à recevoir la charge sans faillir, devise aux lèvres. « Ordre et Loi, Justice et Châtiment ». De simples mots au pouvoir phénoménal. De simples mots capables de pousser un homme à mourir pour une idée, une utopie, un espoir. La harde approchait.
D'imprécis projectiles fusèrent vers sa position, le laissant toutefois de marbre. L'homme enclencha son communicateur et parla d'une voix calme, froide, méthodique.
« Premier groupe. Tir de barrage. »
Les deux mitrailleuses lourdes montées sur les jeep blindées ouvrirent immédiatement le feu. Le déluge, assourdissant, faucha le premier rang de mutants sans difficultés, bien que cela ne semble pas les ralentir. Ils semblaient motivés par une rage surnaturelle, négligeant clairement leur propre sécurité pour se ruer encore plus en avant. Une autre volée de balles éventra quelques renégats, vite piétinés par leurs congénères.
Bien qu'attendu, l'impact fut néanmoins extrêmement brutal. Les premiers assaillants furent dispersés par une salve de grenades incapacitantes, puis les suivants réduits en charpie par les tirs combinés et disciplinés de dizaines de fusils de combat. Les échanges de matraque, de pieds de biches et autres armes grossières suivirent instantanément, nourrissant grassement cette orgie de violence qui paraissait pourtant calculée, millimétrée.
L'officier observait cette émeute depuis l'écoutille de son Repressor personnel. Les pertes étaient encore acceptables, mais l'ennemi semblait innombrable. Chaque Arbites qui trépassait emportait avec lui entre quatre et cinq mutants, mais ce n'était pas encore assez. Le Pretorien pressa quelques boutons du vox intégré à la tourelle du véhicule et ouvrit une communication.
« Tout se passe en effet comme nous le pensions, madame. Quels sont vos directives ? »
« ... »
« Je vois. L'Empereur nous garde. »
Visiblement inquiet, son assistant releva le cran de sécurité du pistolet bolter qui lui avait été confié pour servir l'Empereur-Dieu. L'ennemi venait de passer la seconde ligne, inexorable et emprunt d'une fureur insatiable. La situation était désespérée mais... il lui sembla que son supérieur souriait, alors que ses mains gantées de cuir se posaient sur la crosse du lance-flamme lourd.
« Cette hérésie doit être purgée. TOUT DOIT BRULER ! »