Le Grand Carnassier
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 Dans le noir...

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L'ombre funeste
Prince
L'ombre funeste


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MessageSujet: Dans le noir...   Dans le noir... Icon_minitimeLun 14 Oct 2013 - 21:11

Je viens de déterrer mes rédactions de collège et parmi elles il y en a une que je trouvais vraiment pas mal (je me lance des fleurs là non? Xp). Je l'ai intégralement réécrite, avec mon style actuel. J'espère qu'elle vous plaira...


Enfermement : 1h

Jamais il n'aurait cru tomber dans cette situation. Jamais ''ils'' n'auraient cru tomber dans cette situation, songea le rôdeur. Cela faisait plus de vingt ans que Hard et et sa troupe parcouraient les monts d'airain, et jamais ils ne s'étaient retrouvés piégés de la sorte. Il n'y aurait aucun secours, il le savait, mais il ne le dit pas. Certains de ses compagnons étaient jeunes, à peine en âge de porter l'épée. Ils étaient braves, mais rien ne les avait préparé à ce qu'ils allaient vivre. Il échangea des regards entendus avec les vétérans. Eux non plus ne diraient rien. L'un d'eux, le doyen, lui fit signe d'approcher. C'était un homme de près de soixante ans, ce qui était assez exceptionnel pour être souligné. On disait de lui qu'il avait participé à la fondation du premier village, et même qu'il avait connu le dernier printemps. Hard n'y croyait pas. Mais il ne croyait pas non plus au printemps...

« Tu devrais leur dire la vérité, dit le doyen.
-J'aimerais attendre un peu. Ils méritent de garder un peu d'espoir...
-Tu sais très bien qu'il n'y en a pas.
-Nous venons d'être enfermés... Il y a peut-être une issue à cette grotte, après tout...
-Tu n'y crois pas toi-même. T u devrais le leur dire, qu'ils se préparent dès maintenant...
-Je n'ai aucune envie de leur passer l'extrême onction...
-Il le faudrait bien...
-Eh quoi ! Tu nous condamnerais déjà ? Je t'ai connu plus combatif que ça...
-Oui mais là c'est différent. Nous sommes enfermés dans l'obscurité avec très peu de vivres et le froid qui s'insinue déjà. La tempête a déjà du recouvrir l'éboulement de plusieurs mètres de neige, ce n'est même pas la peine d'essayer de creuser... Le doyen montra du doigt quelques jeunes hommes qui, à la faible lueur d'une torche, essayaient de bouger des rochers de plusieurs tonnes. C'est triste mais c'est ainsi, reprit-il. Ce n'est même pas la peine de se fatiguer...
-Combien de temps penses-tu que nos réserves tiendront ?
-Une semaine, peut-être moins... Les torches ne dureront pas plus de deux jours.
-Je dois t'avouer que j'ai encore du mal à y croire...
-C'est que ça c'est passé vite...
-Un groupe entier de rôdeurs piégé en un instant...
-C'est les risques du métier...
-Non, je ne vais pas encore leur dire. Déjà que j'ai du mal à l'accepter...
-C'est toi le chef », dit le doyen en lui frappant amicalement l'épaule.

Enfermement : 12h


« Ça commence, dit Hard en secouant le doyen.
-Déjà ? Le vieil homme grommela et se redressa de sa couche.
-L'un des jeunes est parti en éclaireur. Cela fait déjà cinq heures qu'il est parti. Je n'ai plus beaucoup d'espoir en ce qui le concerne...
-Tu savais que ça arriverait. Il est mort pour ce en quoi il croyait...
-Personne ne se souviendra de son nom...
-Personne ne se souvient jamais de notre nom...
-Et s'il revient ? Comment est-ce que tu crois que les autres réagiront...
-Il ne le reconnaîtront peut-être pas dans le noir... Et puis de toute façon chaque rôdeur sait qu'il peut être amené à affronter l'un de ses anciens camarades.
-Je sais bien mais...
-Tu les couves trop tes novices ! Est-ce qu'on nous avait protégé comme ça, nous, lorsque nous nous sommes engagés ? Non. Nous, on nous a tout de suite envoyé dans les montagnes...
-Eux aussi y sont désormais...
-Oui mais après combien de temps d'entraînement ?! Un an ! Pendant une année entière on leur a dit ce qu'ils devaient savoir, on leur a appris à manier l'épée, l'arc, à ne pas avoir peur... Est-ce que tu te rends compte du temps perdu ?! On ne peut pas se permettre de ne pas avoir régulièrement de recrues sur le terrain... On est trop peu nombreux pour ça... Alors si en plus ceux qui sont pomponnés ne servent qu'à être couvés une fois sur le terrain... Alors non ça ce n'est pas possible !
-Tu as sans-doute raison...
-Mais bien-sûr que j'ai raison... À quoi servent les rôdeurs à ton avis ? Je vais te le dire moi. À souffrir pour que les villageois soient en sécurité, qu'ils ne sous soucient que de leurs radis, qu'ils se réjouissent lorsqu'un rayon de soleil perse les nuages et broient du noir quand leurs récoltes sont mauvaises.On meurt pour que les autres soient heureux... C'est beau, non ?
-Je dois t'avouer que de plus en plus l'insouciance des villageois et le mépris qu'ils ont à notre égard ne fait que m'irriter...
-Eh bien il faut les comprendre... Ils n'ont déjà pas bien à bouffer et on leur dit que, lorsqu'on arrive chez eux, il faut nous nourrir bien et nous entretenir comme des rois... Et ils ne savent même pas pourquoi ! Non franchement je dis pas que je les aime mais je les comprends... »

Enfermement : 24h


« Le décompte a commencé, trois rôdeurs ont trépassé », fredonna Hard. Il se surprit à se souvenir d'une comptine si cruelle, que lui et les recrues de sa génération avaient inventé à la mort de leurs premiers camarades. La chanson avait été le moyen de relativiser les événements, de les rendre moins durs. L'ombre commençait à prendre de l'ampleur à cette époque, et les derniers bergers quittaient les montagnes pour les étroites vallées en contrebas. Ce furent les années où les rôdeurs commencèrent à être de moins en moins nombreux, tués, disparus, ou corrompus...

Hard soupira. Le boyau qu'il explorait était obstrué par un éboulis. Il rebroussa chemin et repartit dans les ténèbres. C'est alors qu'il entendit un cri. Un cri reconnaissable entre mille. Un cri qu'il ne pourrait oublier. Le cri d'une âme qu'on arrachait à son corps. Hard couru. Il n'y avait plus aucun doute. Cette grotte était déjà habitée. Hard couru dans l'espoir de sauver quelques de ses compagnons. Une lueur apparue au fond du tunnel. Et aucun mouvement. Il ralenti le pas. Ses hommes étaient déjà morts. Il s'arrêta à quelques mètres de la lueur. Sa torche fut soufflée. L'esprit était là, semblable à un halo. Non, ce n'était pas le bon mot. On ne voyait pas l'esprit, on le sentait. Ou plutôt on sentait là où il n'était pas. L'esprit se rapprocha. Doucement, en respirant le plus silencieusement possible, Hard s'écarta de son chemin. L'esprit n'était qu'à quelques centimètres. Hard sentit son corps s'engourdir. Une immense fatigue alourdit ses membres. Il allait tomber. Sa volonté allait lâcher lorsqu'un rugissement se fit entendre. Une lumière chaude apparue. C'était le doyen qui fonçait tête baissée sur l'esprit. La créature poussa un hurlement strident et se volatilisa. Le doyen continua à courir en rugissant. Bientôt sa torche disparut dans les ténèbres. Hard resta figé de longues minutes. « Nous ne reverrons pas le doyen », finit-il par murmurer...

Enfermement : une semaine


Déjà le nombre de rôdeurs se comptait sur les doigts de la main. Les hommes, terrifiés, affamés, épuisés, tombaient comme des mouches. Ceux qui avaient encore la force d'explorer les tunnels ne revenaient pas. L'un des rescapés hurla avoir trouvé de la nourriture. Hard se releva péniblement. Tous se rassemblèrent autour de celui qui avait crié. Il tenait entre ses mains de petits champignons mous. Hard hésita, puis en prit un. Au moins, se dit-il, il aurait quelque chose à se mettre sous la dent. « Si elles ne sont pas déjà toutes déchaussées », marmonna-t-il aigrement.


Enfermement : deux semaines


Ils étaient tous morts, victimes d'hallucinations. Le dernier ne devait pas être mort depuis bien longtemps. Il avait d'abord voulu fermer ses yeux mais à quoi bon ? Personne n'y ferait attention dans le noir. Hard s'allongea sur le dos. Ses vêtements ne suffisaient pas à rendre plus confortable le sol. Il était dur. Dur et froid. Il scruta les ombres au dessus de lui. Il imagina qu'il pouvait voir des étoiles. Il en avait vu, une fois, alors qu'il n'était qu'un enfant. Une nuit, les vents s'étaient calmés et il avait pu sortir de chez lui. Dans le ciel quelques nuages s'étaient déchirés et avaient dévoilé un ciel d'encre, ponctué de petits points blanc. Il avait alors imaginé des milliers et des milliers d'anges, chacun avec un petit brasier dans la main. Aujourd'hui il ne croyait plus aux anges. Il n'avait pas revu d'étoiles...


« Hard ! Est-ce que tu m'entends vieux frère ?! Il faut que tu te réveilles ! Réveille toi ! » Le rôdeur ouvrit péniblement ses yeux et eut une vision cauchemardesque. Le doyen le surplombait, semblable à un mort, les yeux injectés de sang et les côtes... Hard eut un hoquet de dégoût. Les côtes du doyen étaient devenues si saillantes qu'elles en avaient transpercé la poitrine. « Que...

-Je n'ai pas le temps de t'expliquer, dit le doyen d'une voix éraillée. Mais il faut que tu me fasses confiance. J'ai trouvé un passage vers la lumière, je te le jure ! Mais il faut nous dépêcher de le rejoindre, sinon les esprits le fermeront. » Il agrippa la main que le doyen lui tendait et se releva. Le vieil homme lui demanda s'il pouvait courir. Hard acquiesça de la tête. Alors ils coururent. Hard entendait les esprits hurler derrière lui. Il entendait aussi les pas du doyen. Mais il ne le voyait plus. Il tourna la tête à droite, à gauche, mais il n'y avait plus de trace du vieil homme. Et pourtant ses bottes raisonnaient comme s'il avait été juste à côté de lui. Hard ne pouvait s'arrêter de courir pour l'attendre. Il avait trop peur. Soudain, il distingua une fugace clarté dans les ténèbres. Ce ne fut qu'à ce moment qu'il se rendit compte qu'il était effectivement dans les ténèbres et qu'il ne pouvait voir le doyen. Troublé, Hard secoua la tête et courut vers la lumière. Elle gagnait en intensité à mesure qu'il s'en rapprochait. Bientôt il distingua du mouvement à l'extérieur. Le vent... Il sentait déjà sa morsure contre sa joue. À cet instant il sut qu'ils avaient réussi. Il sut qu'ils étaient libres...

Épilogue


Hard s'allongea sur le matelas, épuisé. Des villageois l'avaient retrouvé, presque mort, sur le flanc de la montagne. Il avait eu de la chance d'avoir été retrouvé aussi vite autrement la neige l'aurait recouvert de son linceul pour l'éternité. Le rôdeur soupira. Du doyen on n'avait pas retrouvé la trace. Il s'en était tiré. Mais il était le seul. Il souffla la bougie et se retrouva dans le noir le plus complet. Il frissonna. Ses yeux restaient fixés sur le plafond. Une angoisse le prit tout à coup. Il avait beau se dire qu'avoir peur du noir était pour les enfants, il ne parvint pas à se rassurer. Plus les minutes s'écoulaient et plus il se figeait, persuadé qu'il n'était pas en sécurité. Son trouble ne fit qu'augmenter lorsque son dos lui fit mal. Quelle que fut la position qu'il adoptait, il n'arrivait pas à en trouver une de confortable. Une larme de peur et de détresse coula sur sa joue. Non quelque chose n'allait pas. Car il était allongé sur quelque chose de dur. De dur et de froid.
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